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Les Suisses qui ont fait et défait Napoléon

Le moins que l’on puisse dire est que Napoléon Bonaparte a eu de la Suisse dans les idées et dans son environnement immédiat à toutes les étapes de sa vie etde sa carrière : du futur cardinal Faesch durant son enfance à son valet Noverraz à Sainte-Hélène, en passant par sa meilleure ennemie Madame de Staël, l’irréductible Benjamin Constant, les généraux Reynier, Boinod, Laharpe et tant d’autres, sans oublier Jean-Victor de Constant-Rebecque qui contribua efficacement à sa chute finale à Waterloo. Plus de 30 000 soldats suisses l’accompagnèrent dans ses aventures militaires, des côtes de la mer du nord à celles de la Calabre, du fin fond de l’Espagne aux plaines de Russie.

Pour leur part, les banquiers suisses, à commencer par le Neuchâtelois Perregaux, contribuèrent, financièrement parlant, à sa prise de pouvoir en 1799, puis à la création de la Banque de France en 1800, avant de finir par le lâcher en 1814, assurant ainsi la transition vers le rétablissement de la royauté. Non seulement, Napoléon Bonaparte n’a jamais annexé la Suisse mais il lui a au contraire donné sa forme moderne : Plurilinguisme, fédéralisme, égalité entre les cantons, redimensionnement de ceux-ci, politique du consensus… Le traité de Malmaison élaboré sous l’égide du Premier Consul, le 29 mai 1801, compromis entre le système centralisateur et les aspirations fédéralistes des Suisses, ne fut jamais réellement appliqué mais servit à l’élaboration de l’Acte de Médiation introduit en 1803 et peut être considéré comme la matrice des constitutions futures de la Suisse, à commencer par celle de 1848 qui marque toujours la naissance officielle de la Suisse moderne. La résolution de la question suisse en 1802-1803 est celle qui lui prit le plus de temps et pour laquelle il mobilisa les meilleurs connaisseurs de la Suisse ainsi que tous les Helvètes de bonne volonté. Au meilleur de sa forme, celui qui se faisait alors conseiller et non courtiser, pouvait encore être apprécié par Madame de Staël à sa juste valeur.

 

Alain-Jacques Tornare

Docteur en histoire franco-suisse, auteur en 1996 d’une thèse en Sorbonne sur les troupes suisses au service de France au moment de la chute de la royauté, Alain-Jacques Tornare, ancien chargé de cours à l’Université de Fribourg (1998-2006) est collaborateur indépendant de plusieurs médias français et suisses dont la RTS et Radio Fribourg. Chevalier des arts et des lettres (1995) des Palmes académiques (2003) et de l’Ordre du Mérite (2016), il a été fait citoyen d’honneur de Rueil-Malmaison en 2018.

 

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