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La conférence de Stéphanie Genand, filmée le 18 décembre 2020 est disponible sur le titre suivant :

Germaine de Staël et Bonaparte : ennemis ou alliés ?

Quoi de plus passionnel, a priori, que les relations entre Germaine de Staël et Napoléon Bonaparte ? Tout les oppose, et d’abord leur conception de la liberté et de l’identité culturelle, qui vaut à Staël de prendre la plume dès 1802, avec son roman Delphine, pour inviter la « France silencieuse » à réveiller les valeurs que le premier consul menace dangereusement. Bonaparte ne s’y trompe pas, qui interdit à Staël le séjour à Paris, puis bientôt l’intégralité du territoire français, condamnant à douze années d’exil celle qui devient aussi, du même coup, sa principale opposante. C’est là peut-être l’un des paradoxes de leur histoire : en la bannissant, Napoléon, sacré empereur en 1804, agrandit la destinée staëlienne. Devenue européenne par la force des événements, Staël transforme de fait son exil en opportunité de voyage et parcourant l’Europe, de la Suisse à l’Angleterre, en passant par la Suède et la Russie, elle renforce ses réseaux, densifie son analyse politique et puise la matière d’une part essentielle de son œuvre. Elle ne s’en cache pas, vouant à Napoléon une estime indéfectible, malgré les persécutions, quitte à se dissocier des voix cruelles qui s’élèvent contre le souverain déchu en 1814. La complexité de cet itinéraire, récemment mis en lumière par les travaux consacrés à « la dernière Staël », invite donc à rouvrir le dossier des relations entre Staël et Napoléon : ces deux personnages n’auraient-ils pas eu besoin l’un de l’autre pour se construire, l’un comme conquérant, et l’autre comme écrivain ?

 

Stéphanie Genand

Elle est professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’université de Bourgogne. Ses travaux portent sur la dimension anthropologique de la littérature et sur les relations entre Lumières et passions, politique et morale, fiction et savoir, identité et altérité. Elle s’est notamment intéressée à l’œuvre de Sade, dont elle vient de publier une biographie chez Gallimard (Folio biographie, 2018) et à celle de Germaine de Staël, auquel elle a consacré un récent essai (La Chambre noire. G. de Staël et la pensée du négatif, Droz, 2017) et dont elle vient de coéditer les deux derniers tomes de la Correspondance générale. Elle est aussi, depuis 2015, présidente de la Société des études staëliennes.

 

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